posté le 20-06-2009 à 18:19:55

Marx et Ses Etranger

Il est peu contesté par les nombreux philosophes, qui ont suivit Marx, que la lutte des classes soit le « maître mot » de la théorie marxiste. La lutte des classes est le constat historique qui expose le fait que la société se divise en plusieurs classes sociales. Chaque membre de la société appartient à une classe sociale plus globale et chaqu’une des classes est en relation les une avec les autres dans un rapport de domination. Ces relations ont alors nécessairement un caractère conflictuel qui aboutit, en tout temps, à des luttes des classes. Cependant Marx s’intéresse spécialement à l’ère « moderne », c'est-à-dire l’ère capitaliste. La classe bourgeoise est alors en constant conflit avec la classe du prolétariat. Dans la mesure où le prolétariat regroupe la partie de la population qui est obligée de vendre sa force de travail pour pouvoir vivre et que la bourgeoisie regroupe la population qui possède les moyens de production, alors les uns sont obligés, pour vivre, de se vendre aux autres. Mais la bourgeoisie est obligée d’acheter leur force de travail au prix le plus bas possible. En effet, par le biais des diverses moyens de productions, les bourgeois fournissent les matières premières, les machines pour les travailler et achètent les hommes, par le biais du salaire, pour transformer la matière première, par la médiation des machines, en marchandises. Cette partie du processus de vente s’appelle les dépenses. En échange, les bourgeois vendent la marchandise, c'est-à-dire les matières premières transformées, pour en obtenir des gains. La différence entre les gains et les dépenses se nomme le profit et c’est ce profit qui constitue le salaire du bourgeois. Mais plus le bourgeois paye ses ouvriers et plus les dépenses augmentent, alors logiquement le profit final diminue. La bourgeoisie est alors obligée de payer les prolétaires au prix le plus bas possible afin d’obtenir un maximum de profit. Ce prix du salaire le plus bas possible est le prix qui leur permet de survivre et de perpétuer la race de prolétaire en procréant et élevant de la future main d’œuvre. Le prolétaire se retrouve alors dans la misère la plus extrême. De cette misère extrême naît alors une nécessité de changer les choses, c'est-à-dire de faire chuter l’aliénation que lui fait subir la bourgeoisie. L’aliénation est le fait d’être dépossédé de soi-même, de son existence dans un ordre des choses auquel nous participons mais qui nous domine. Le prolétaire est donc aliéné dans la mesure où il est obligé de travailler pour autrui dans le but de vivre. Il prend conscience de cette aliénation par la misère extrême qu’il subit. Elle lui fait prendre conscience d’être dépossédé de sa vie. Avec cette conscience de l’aliénation, le prolétariat désir alors changer les choses et s’engage dans une lutte des classes pour la domination de la société. Nous devons noter d’abord que le terme bourgeois ne doit pas être connoté des préjugés qui sont les siens aujourd’hui et ensuite nous

 

devons noter que ceci n’est qu’un rapide exposé du Marxisme car l’exposé de cette théorie prendrait quelques centaines de pages pour obtenir un exposé complet.

 

            Nous pouvons voir que la théorie de Marx exposée très rapidement ici est directement basée sur un processus de catégorisation de la population. En effet nous pouvons voir qu’un individu de la classe bourgeoise ne se mélange pas avec un individu de la classe des prolétaires et réciproquement. La bourgeoisie est définie comme étant exactement l’opposé du prolétariat. L’un domine, l’autre est dominé. L’un possède, l’autre n’a rien à perdre, l’un consomme et profite et l’autre survit. Chaque classe sociale est constitutive d’un savoir sur les autres classes sociales car en désignant l’une, elle participe à la construction de l’autre. Il y a clairement un processus dialectique qui est constitutif de la base du marxisme. Effectivement la constitution du prolétariat, en tant que concept philosophique, est construite par le dépassement de sa contradiction, c'est-à-dire la bourgeoisie. L’être et l’essence du concept du prolétariat, c'est-à-dire l’homme qui ne possède rien et qui doit se vendre pour vivre, est construit par son opposé, celui qui possède les moyens de production et achète des hommes pour produire du profit. Sans son opposé chaque une de ces deux classes ne peut exister. De cette base dialectique de l’opposition des classes naît alors la théorie de Marx : le communisme. L’objectif final est alors de créer une société sans classe, c'est-à-dire sans classe qui altérise ces opposées.

 

Mais nous allons voir maintenant que les étrangers, c'est-à-dire les personnes qui n’appartiennent pas à une identité définie préalablement, sont non seulement constitutif de la philosophie de Marx et aussi que dans le processus communiste, il persiste des hommes qui n’appartiennent pas à ce processus. Nous allons voir maintenant, comment Marx altérise certaines classes sociales de son processus historique.

 

 

Nous pouvons noter chez Marx, deux catégories de la population qu’il exclut volontairement de sa philosophie. Nous allons étudier la catégorie les Lumpenprolétariats dans un premier temps. Ainsi nous pouvons lire dans Les Luttes de Classes en France[1] :

 

« Ils appartenaient pour la plupart au Lumper- qui, dans toutes les grandes villes, constitue une masse nettement distincte du prolétariat industriel, pépinière de voleurs et de criminels de toute espèce, vivant des déchets de la société, individus sans métier, avoués, rôdeurs, gens sans aveu et sans feu, différents selon le degré de culture de la nation a laquelle ils appartiennent, ne démentant jamais le caractère de Lazzaroni. » 

De plus nous devons noter que, dans la Préface de 1869 de la Guerre des Paysans[2], Engel félicite les ouvriers Français d’avoir fusillé quelques uns de ces individus au cours de leur révolution. La première chose que fait Marx dans ce commentaire est le fait d’exclure cette catégorie de la population d’une affiliation possible au prolétariat. Il exclut ensuite cette population de toutes classes sociales. En effet, avant de commenter ces deux passages nous pouvons voir que le constat est sans appel, l’existence du lumpenprolétariat n’est caractéristique d’aucun mode de production et il se développe aussi bien dans le capitalisme que dans la monarchie, dans les dictatures que dans les démocraties car de tout temps il y a eu des voleurs et des criminels. De plus il y a des voleurs dans toutes les classes sociales, comme il y a des meurtriers dans toutes les classes. D’abord Marx procède à une description avec l’emploi de mot péjoratif qui ne sont pas partie de la description classique des différentes classes sociales mais plutôt d’actions que n’importe quel homme est capable de réaliser et ceci de n’importe quelle classe. De plus ces termes sont reconnus par toutes les sociétés comme étant des vices : « le voleur » c'est-à-dire celui qui s’empare du bien d’autrui ; « le criminel » c'est-à-dire celui qui est coupable d’un meurtre ; « Individu sans métier avoué » c'est-à-dire une sorte de chômeur fainéant ; « le rôdeur », c'est-à-dire celui qui ère en attendant de commettre un mauvais coup et enfin « les gens sans aveu et sans feu » c'est-à-dire ceux qui n’ont pas et qui ne veulent pas de domicile. Le point commun entre tout ces termes est le fait que ce sont des actions qui sont soit réprimandables par la loi, soit des actions d’homme qui sont peu fréquentables comme le confirme le terme « Lazzaroni » qui fait référence au terme Italien du Nouveau Testament qui désigne le saint patron des lépreux. Le lumpen’ ne participe pas aux définitions classiques des classes qui sont classées à partir de leur relation avec les moyens de productions. Rappelons le : le prolétaire est celui qui doit vendre sa force de travail pour vivre et le bourgeois est celui qui possède des moyens de production. Marx crée alors une nouvelle catégorie basée sur des actes volontaires interdits reconnus par une norme judiciaire ou morale. Cette catégorie n’a rien à voir avec les définitions précédemment rappelées. Nous pouvons retrouver ici directement les structures de l’étrangers qui visent non seulement a créer une partition politique entre les êtres politiques et apolitiques (c'est-à-dire sans relation à la politique) mais qui visent aussi à leur donner une place périphérique en l’excluant du prolétariat et de tous intérêts sociaux ou philosophiques. Ils ne font alors partie d’aucune classe sociale. C’est une catégorie sans catégorie. Marx forme ici une classe de rebuts de la société et de sa philosophie.

 

Mais cette altérisation est constitutive et primordiale à la philosophie de Marx car sans cette altérisation, cette catégorie de population vient anéantir non seulement sa vision de l’histoire interprétée par la lutte des classes, mais elle ne rentre aussi dans les dogmes de classification de la population basée sur les modes de production. Dans un premier temps, cette catégorie anéantie sa vision interprétative de l’histoire car elle échappe à l’oppression des dominants et à l’envie du pouvoir politique des dominés. Parmi les nombreuses causes qui pourraient pousser les hommes à tuer ou voler ; à la marginalisation et à la féniantise, jamais ceci ne rentre dans le cadre d’une lutte de pouvoir. Sauf peut être tuer mais nous pourrions cependant séparé le meute politique du meurtre passionnel ou scrupuleux. En effet un soldat ou un ouvrier qui tire sur son « ennemi » politique dans le cadre d’une révolution ou d’une simple révolte n’a pas le même statut que le tueur psychopathe ou le voleur n’hésitant pas à tuer. Par le Lumpenprolétariat, Marx crée ici une catégorie d’hommes désintéressés de la lutte des classes. Cette catégorie n’est ni oppresseur, ni opprimée mais opportuniste ou déséquilibrée. Cette catégorie est alors altérisée par Marx car elle ne rentre pas dans sa philosophie interprétative. Dans un second temps, nous pouvons remarquer que le point commun entre toutes les sortes d’individu comprises dans cette catégorie est qu’elles n’ont aucune relation avec le travail. Aucune ne produit de la matière et ainsi ne rentre pas dans les catégories sociales que Marx a lui-même créées, basées sur la fonction des individus dans leurs relations hiérarchiques face au travail. Cette catégorie est exclue de la philosophie de Marx et même doit être exclue de la vie (voir la préface de Engel) car elle refuse le travail et qu’elle ne rentre pas dans l’interprétation Marxiste de l’histoire. En plagiant Marx, nous pouvons alors affirmer que le Lumpenprolétariat « est une classe sociale qui n’en ai pas une ». De plus nous devons noter que cette altérisation n’est pas une nécessité pour une philosophie révolutionnaire et communiste. En effet Bakounine (contemporain et farouche opposant de Marx lors des différentes internationales communistes) voyait dans le Lumpenprolétariat le ferment de la révolution sociale (voir Etatisme et Anarchie[3] de 1873). Mais ceci est un autre propos.

 

La seconde classe sociale qui est altérisée et ignorée par Marx est la classe moyenne. La classe moyenne regroupe la population qui doit vendre sa force de travail pour pouvoir vivre mais qui gagne assez d’argent pour pouvoir bien vivre et consommer et ainsi elle se complait dans le capitalisme. Voilà ce qu’en dit Marx dans le Manifeste du Parti Communiste[4]

 « Les classes moyennes, le petit industriel, le petit commerçant, l’artisan, le paysan, tous combattent la bourgeoisie pour sauver de la ruine leur existence de la classe moyenne. Elles ne sont donc pas révolutionnaires mais conservatrices. Plus encore, elles sont réactionnaires, car elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. » 

La classe moyenne n’est alors pas exclue de la philosophie marxiste au sens propre du terme car elle n’est pas, comme le Lumpenprolétariat, une catégorie à anéantir. Cependant nous pouvons affirmer qu’elle a, tout de même, un statut d’étranger dans la philosophie de l’histoire de Marx. Elle est présente mais elle ne compte pas. Les classes moyennes sont envisagées par Marx comme étant une source de recrutement du prolétariat car elles ont comme intérêt commun de faire chuter la bourgeoisie. En effet, les entreprises qui ont le plus de capitaux ont pu agrandir leur industrie et ont donc pu ainsi couvrir un plus large espace de vente. Ces industries sont alors rentrés en concurrence avec les petites industries. Ils ont fait alors baisser le prix des marchandises en produisant plus de produits que nécessaires (selon la loi de l’offre et de la demande). Les classes moyennes ont dû alors, dans un premier temps, baisser les prix de leurs marchandises pour rester dans la course à la concurrence. Mais au bout du compte, elles ont été obligées de fermer leurs portes car là où les grandes industries font des profits sur le nombre d’objets vendus, les classes moyennes sont incapables de produire autant et donc ne sont pas rentables. Les classes moyennes sont alors une source de recrutement pour le prolétariat car la bourgeoisie met en danger leurs conditions sociales. Cependant elles ne sont pas révolutionnaires mais conservatrices car elles « cherche[nt] à faire tourner à l’envers la rue de l’histoire ». En effet ce que cherche à faire la classe moyenne c’est de conserver sa condition sociale car elle se complait dans l’aliénation capitaliste. En effet, comme la classe du prolétariat, la classe moyenne est aliénée par la bourgeoisie. Mais à la différence du prolétariat, elle ne reçoit pas un salaire nécessairement bas. Ce qui lui permet de profité des avantages du capitalisme, comme l’abondance de marchandises par exemple. Elle n’est alors pas révolutionnaire car elle se plait dans ce système. Mais elle est conservatrice car elle veut stopper l’évolution des grandes industries capitalistes pour préserver son statut de privilégié. C’est pourquoi elle est dans l’opposition aux bourgeois. La classe moyenne est alors altérisée par Marx d’abord de fait : Effectivement, ce passage du Manifeste du Parti communiste est le seul passage où Marx parle clairement de la classe moyenne. Ensuite de fond : elle est exclue de la philosophie marxiste car de part sa position médiatrice entre la bourgeoisie et le prolétariat, elle ne joue aucun rôle historique. Au mieux elle suit le prolétariat et au pire elle soutient la bourgeoisie, du point de vue de Marx. Elle n’a alors aucun intérêt philosophique pour Marx et n’a aucun rôle à jouer dans le processus communiste (révolution, dictature du prolétariat, état sans état). La classe moyenne est donc sans intérêt pour Marx. C’est une classe existante mais étrangère à l’histoire moderne de la lutte des classes. C’est alors une classe sociale à la périphérie de histoire. L’intérêt pour Marx d’altériser cette classe  repose dans le fait qu’elle casse la bipolarité de la lutte des classes car elle représente un troisième intérêt historique. Cette classe est alors niée car elle remet en cause le processus communiste tout entier : son intérêt n’est ni dans le capitalisme, ni dans le communisme. Mais Marx le rattache au prolétariat car elle n’est pas avec la classe bourgeoise. Mais il n’envisage même pas la possibilité que cette classe sociale puisse défendre son propre intérêt, celui de ce que nous pourrions appeler selon les termes actuels : les sociaux démocrates. Dans la pratique, c’est plus le prolétariat qui vient défendre les intérêts de la classe moyenne que le contraire. Or ce processus est celui qui, sensiblement, ressemble le plus à notre histoire moderne. Marx a fait la grossière erreur d’altériser l’intérêt de la classe moyenne.

 

Marx a donc, dans sa philosophie, altérisé deux catégories de la philosophie de l’histoire car elles ne sont pas constitutive de la philosophie dans la mesure où leur intérêt reviendraient à remettre en cause la bipolarité de la lutte des classes. Nous appelons cette altérisation, l’altérisation historique. Nous allons voir maintenant l’altérisation géographique de Marx  

  

  

Le second type d’altérisation est une altérisation d’ordre géographique. En effet, rappelons que le processus marxiste part de la prise du pouvoir de l’Etat par la bourgeoisie. Ces derniers ont réussi à prendre le pouvoir grâce à l’enrichissement causé par le commerce développé pendant les grandes découvertes. Effectivement, grâce au développement du commerce, la bourgeoisie composée de petits industriels et commerçants sont devenus de grands bourgeois au fur et à mesure et donc sont devenus aussi puissants que les Aristocrates. Mais arrivé à un certain stade de développement qui imposait une libre concurrence entre les industries, la classe bourgeoise était en opposition à la classe aristocratique. Ainsi Marx déclare dans le Manifeste du Parti Communiste, p.80 « les rapports de propriété féodaux ne correspondaient plus aux forces productives déjà développées […] Ils se transformèrent en autant d’entraves. Il fallais les faire sauter, on les fit sauter ». La bourgeoisie prit alors le pouvoir de la société. Elle développa une société à son avantage c'est-à-dire, comme nous l’avons décrite dans la première partie, où le prolétariat est poussé, par le capitalisme, à la révolution et à une société communiste. Cet exposé du processus historique de l’évolution de la société par la lutte des classes est bien entendu très rapide. Mais nous pouvons le retrouver plus en détail dans le premier chapitre du Manifeste du Parti Communiste. Cependant le problème est que les grandes découvertes et le développement de la bourgeoisie n’ont pu se réaliser seulement dans la mesure où il y a eu l’avènement des grandes découvertes, c'est-à-dire le commerce avec les pays d’orient. Chose qui, de surplus, n’a profité qu’aux pays occidentaux et à l’Amérique du Nord. Autrement dit, ce que nous pouvons appeler l’occident. Par conséquent, logiquement, le capitalisme n’a pu se développer que dans les pays occidentaux, chose que l’histoire de l’humanité nous confirme. Donc la philosophie marxiste, qui a pour fondement même le développement du capitalisme, se limite à l’occident. En effet, sans capitalisme, il n’y a pas de prolétariat et pas d’aliénation et donc il n’y a pas de révolution. Par conséquent la philosophie marxiste altérise tous les pays qui ne se sont pas développés en passant par le stade d’une société capitaliste. Autrement dit la philosophie marxiste altérise tous les pays autres que l’occident. Bien que ceci soit de moins en moins vrai avec le phénomène moderne de mondialisation (que Marx envisageait déjà) nous devons noté que c’était toujours le cas avant la fin de la seconde guerre mondiale et que cela reste encore majoritairement le cas. En effet les pays qui ont un caractère libéral sont majoritairement dans l’occident bien que le capitalisme ait influence dans tous les pays du monde. Les autres pays du monde ne font que subir ce capitalisme. Par conséquent le communisme ne pouvait se développer que dans les sociétés qui sont occidentales. Marx nous propose une interprétation historique vue sous l’œil de la lutte des classes où nécessairement la classe bourgeoise prend, à un moment ou à un autre, le contrôle du pouvoir. Mais il existe une multitude d’états où la bourgeoisie ne s’est pas développée et où elle est incapable de prendre le pouvoir. C’est le cas pour tous les pays d’Afrique,  l’orient (hormis le Japon) et l’Amérique du sud (ceci avant le moment historique des révolutions communistes). La philosophie de Marx est alors non seulement erronée logiquement pour ces pays, mais surtout une possibilité révolutionnaire communiste est totalement inconcevable pour Marx. En effet le gros de la philosophie de Marx se base sur le capitalisme et sans ce règne du capital, la philosophie de Marx est vaine de sens. Pourtant, paradoxalement, aucun pays occidental n’a pris la voix du communisme. Il y a alors un paradoxe évident entre l’histoire et la philosophie de Marx.

 

Effectivement, si nous prenons l’exemple de l’URSS et de Cuba, aucun de ces pays communistes n’a pris le pouvoir suite à une révolution prolétarienne classique. Avant la révolution de 1917, la Russie était sous le régime Tsariste, c'est-à-dire sous le règne d’un souverain. Le régime était alors monarchique voir féodal. Il faut savoir que 85% de la population vivait sous le régime rural. L’économie du pays est alors archaïque. La production industrielle de 1913 est deux fois et demi inférieure à celle de la France, six fois inférieure à celle de l’Allemagne et quatorze fois moins que celle des état Unis. Le PIB (Produit Intérieur Brute) de l’époque est alors inférieur à celui de la Hongrie. Dans ces conditions, très peu de prolétaires ont pu se développer, essentiellement car ils ne peuvent se déployer seulement sous l’épanouissement des entreprises industrielles bourgeoises. Pourtant en 1917, c’est la révolution avec à leur tête Lénine et ceci aboutira à un pays qui se réclamera de Marx. A cuba, en 1952, la population vie sous le régime d’une dictature militaire sous la tutelle de Batista. Le pays est alors fortement soutenu par les Etat Unis qui importent 80% des produits manufacturés et qui possède entre 40% et 50% des partielles de terre. C’est alors un régime soumis à l’impérialisme américain, c'est-à-dire un pays totalement dépendant des intérêts de la domination américaine. Les entreprises américaines possédaient 80% du service public, 50% des chemins de fers et la totalité des ressources pétrolières. A la différence de la Russie Tsariste, Cuba était au 3éme rang mondial du PIB/habitant et la 22éme puissance planétaire. Le pays n’était cependant pas très industrialisé et il ne tirait sa puissance que de celle des Etats Unis. Le prolétariat industriel que Marx connaissait n’était alors pas du tout développé. Mais pourtant en 1956 Fidel Castro, Ernesto Guevara et 78 autres hommes débarquent sur l’Ile de Cuba pour renverser ce régime. La plupart de ces hommes seront tués ou fais prisonniers lors du débarquement. Mais pourtant grâce à la guerria et au soutient de la population agricole, le régime de Batista sera renversé en 1959. Il s’en suivra un régime qui se réclamera aussi de Marx. Ces deux exemples, les plus illustres de l’histoire, montrent très bien comment les régimes qui se réclament de Marx n’ont pas suivit le schéma marxiste. Et même plus, aucun régime communiste n’a suivi son schéma. Marx par d’abord d’un développent de la bourgeoisie qui entraîne le pays dans une révolution industrielle avec son lot de travailleurs prolétaires pauvres. Mais dans ces pays, il n’y a pas ou peu d’industries et par conséquent quasiment pas de prolétaires. Les hommes pauvres vivaient principalement sous un régime féodal et dans les campagnes. Nous pourrions les apparenter à des serfs.  Ces révolutions sont étrangères à la philosophie de Marx, bien qu’elles s’en réclament, car Marx n’a jamais envisagé une révolution sans prolétariat. Ceci serait un pur non sens. Le communisme peut se réaliser seulement grâce au prolétariat élevé en classe universelle et c’est seulement par là que nous pouvons espérer atteindre un état sans état. C’est le prolétariat, et son statut de classe qui n’en est plus une, qui abolit la différence entre les classes. Or les révolutions communistes sont, dans les faits, sans prolétaires. Il y a alors une opposition entre les faits et la philosophie de Marx. Marx ne conçoit pas sa philosophie dans un pays qui n’est pas industrialisé et capitaliste. Il altérise alors tous les pays non industrialisés de sa philosophie. Mais les seules pays qui se réclament de sa philosophie sont des pays que Marx lui-même a altérisé.

 

Les Historiens placent les raisons de ces révolutions selon les même raisons que celles des révolutions dites bourgeoises (comme celles de 184 et 1780, pour la France), c'est-à-dire la misère de la population, la pénurie alimentaire et le mécontentement politique (en Russie avec la guerre de 1914-1918, à Cuba avec l’impérialisme américain, en France avec les privilèges des nobles). Marx, quant à lui, place les raisons d’une révolution prolétarienne dans l’aliénation du prolétariat et la conscience de cette aliénation. Manifestement, étant dépourvu de prolétariat, aucune de ces révolutions n’a pour cause l’aliénation de ce dernier. L’erreur de Marx est d’avoir nié sa propre popularité et son succès philosophique. En effet, il est un fait que toutes les catégories des diverses populations opprimées les différentes régions du monde se reconnaissent dans le marxisme. La description du prolétariat, de son aliénation et de la solution communiste pour résoudre les inégalités sociales ont séduit toutes les classes opprimées. Marx dit, à la première page du Manifeste du Parti Communiste : « homme libre et esclave, patricen et plébéien, baron et serf, maître d’un corps de métier et compagnon, bref, oppresseur et opprimé […] ont mené une lutte […] qui chaque fois s’est terminée par une transformation révolutionnaire ». L’erreur de Marx c’est d’avoir altérisé toutes les régions du monde qui ne se sont pas développées comme l’occident. Il a placé les autres régions du monde, autre que l’occident, à la périphérie de l’histoire car ils correspondaient à des époques antérieures de l’évolution historique de l’Europe. Marx n’a pas imaginé une seule seconde que ces civilisations, avec un degrés « d’évolution » historique moindre, pouvaient sauter le stade capitalise pour le communisme. Marx a considéré dans sa philosophie seulement les prolétaires car ils étaient, selon lui, le stade évolué des classes opprimées et il a nié toutes les autres catégories de population opprimées. Il a nié les esclaves, les plébéiens, les serfs et les compagnons, autrement dit les classes opprimées des autres régimes politiques et donc des autres pays. Cependant ces opprimés n’ont pas ignoré Marx et ils se sont reconnus dans le Marxisme. Ils ont alors fait la révolution pour le Marxisme et créer les états communistes là où, selon Marx, ceci n’était pas concevable. Marx a altérisé des régions entières qui, elles, ne l’on pas altérisé. Ceci explique alors pourquoi le communisme s’est développé là où il n’y avait ni capitalisme, ni prolétaire.

   

 

Pour conclure, nous pouvons retrouver deux types d’altération chez Marx. L’altérisation historique, où Marx a exclu une classe sociale d’un rôle dans son développement historique, et l’altérisation géographie, où il a altérité l’immense majorité des pays du monde de sa philosophie car elle n’était pas capitaliste. Marx a d’abord altérisé le Lumpenprolétariat car cette catégorie de la population ne jouait aucun rôle dans les différents moyens de production. Il était reconnu par toutes les sociétés comme un parasites, il l’a alors mis à la périphérie de l’histoire de l’évolution européenne. Il cherche même a les supprimer physiquement. Ensuite Marx a altérisé les classes moyennes car manifestement elles posaient un sérieux problème dans la conception de la lutte des classes. A moitié opprimée, a moitié oppressante, à moitié aliéné et à moitié complaisante avec cette aliénation, la classe moyenne est clairement une médiation entre les deux opposés sociaux. Elles n’ont de cesses de faire basculer le poids des deux classes d’un coté ou de l’autre de la balance. Marx l’a vite classé du coté de prolétariat mais il a nié totalement le fait que cette classe sociale puisse avoir un intérêt propre. Enfin Marx a altérisé toutes les catégories sociales de populations des divers pays du monde qui sont opprimés. Il ne s’est concentré exclusivement que sur ceux qu’il considérait comme la dernière évolution des classes opprimés : le prolétariat. Mais là où le prolétariat n’a jamais poussé jusqu’au bout les idées de Marx les autres pays l’on fait. Les divers étrangers de la philosophie de Marx sont pourtant directement constitutifs de l’histoire moderne de l’humanité. Les classes moyennes se sont développées dans tous les pays capitalistes au point d’être aussi nombreuses que les classes prolétariennes. Elles défendent maintenant alors leur propre intérêt qui est totalement différent de l’intérêt du prolétariat ; Ce sont les sociaux démocrates. Le Lumpenprolétariat s’est développé à un point où il fait entièrement partie du discours politique sur la sécurité des pays. Il est constitutif des sociétés bourgeoises. Les autres classes opprimées ont, quand à elles, suivi directement l’idéologie marxiste avec les conséquences que nous connaissons sur l’histoire du XX éme siècle. Le problème philosophico historique que nous pouvons alors nous poser aujourd’hui est de savoir quel rôle les étrangers de Marx ont joué dans l’histoire moderne du XXéme et du XXIéme siècle ?



[1] Karl Marx, Les luttes de Classes En France, Ed. Social, Paris, p.39

[2] Friedrich Engel, Guerre des Paysans, Préface, Marx/Engels Werke. Berlin, Vol 16, p.398

[3] Bakounine, Etatisme et Anarchie, Les Œuvres Complètes de Bakounine, Ed. Champs Libre, Paris, 1973 

[4] Karl Marx, Manifeste du Parti Communiste[4], Ed. GF, Paris 1998, p86-87 

 


 
 
 

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